Économie et Développement en République Dominicaine

Une contagion inévitable

La crise des Etats-Unis se ressent sur l’économie de la République Dominicaine
Les biens immobiliers touristiques pourraient en être très affectés
La crise financière, qui a son origine aux Etats-Unis et qui a contaminé l’économie mondiale, est déjà en train d’affecter la République dominicaine, dont l’arrivée de touristes à diminué, dont la croissance au niveau des envois d’argent a diminué et qui a vu se fermer les possibilités que ses secteurs publics et privés puissent obtenir de l’argent frais sur les marchés internationaux.

On va ressentir aussi une diminution de l’investissement étranger, une réduction des exportations, spécialement de celles provenant des zones franches.

Plusieurs économistes consultés pensent que la crise actuelle est une crise mondiale et que par conséquent, elle se ressentira fortement sur l’économie dominicaine, qui est étroitement liée à celle des Etats-Unis.

Et il ne s’agit pas d’un problème à court terme mais bien d’une crise profonde qui pourrait durer deux ans avant que la situation ne se rétablisse, c’est pourquoi les prévisions à court et moyen termes ne sont pas bonnes. Toutefois, il est toujours possible de tirer un certain bénéfice de la situation.

Luis José Asilis, Héctor Salcedo et Henri Hebrard laissent entendre que dans le pays, on doit adopter des mesures, et non seulement provenant du gouvernement, mais aussi du secteur privé et de la société civile, pour faire face aux effets négatifs de cette situation.

Impacts différents
Luis José Asilis fait comprendre que les effets de la crise peuvent se présenter de différentes manières. « Nous en ressentons déjà quelques uns sous forme d’augmentation du taux d’intérêt des financements, d’une possible dévaluation, de récession, de chômage, de baisse de la consommation. Rien qui n’aura pas lieu non plus à l’extérieur du pays. »

Il laisse entendre que jusqu’à maintenant, l’économie dominicaine a été protégée d’un trop fort impact par sa grande dépendance de services, étayée principalement par le tourisme et les biens immobiliers touristiques, avec une grande affluence de capitaux étrangers, qui ont aidé à maintenir la balance des paiements à des niveaux qui ont protégé le taux de change, conjointement avec les mesures de restriction monétaire imposées par les autorités financières, qui en ce sens ont obtenu du succès

« Quant au délai, nous allons avoir immédiatement des taux d’intérêt élevés, une possible dévaluation progressive, que nous espérons contrôlée, causée principalement par les grandes dépenses liées au pétrole et qui par la crise financière, à moyen et à long terme, dépendra beaucoup de ce qui se passera avec le plan de redressement financier proposé par le gouvernement américain ».

Des liens trop étroits
En analysant les effets de la crise américaine sur l’économie dominicaine, l’économiste Héctor Salcedo rappelle la dépendance de l’économie dominicaine à celle des Etats-Unis.

Il cite que :

– Plus de 85% de la production de nos zones franches part vers les USA, presque 60% du total des exportations.
– Près du 90% des envois d’argent viennent de là-bas
– 35% du tourisme et 40% de l’investissement étranger direct qui entre dans le pays sont nord-américains.

De plus, durant les 24 derniers mois, diverses entreprises ont obtenu un financement sur le marché de valeurs américain comme: la Brasserie Nationale Dominicaine, AES, Ege-Haina, entre autres.

Pour Salcedo « tous ces liens verront leurs niveaux de transactions diminuer à mesure que la croissance de l’économie diminue. Cependant, ils dépendront certainement de l’amplitude et de la durée de la chute de cette économie. »

Il indique que, selon les analystes on ne percevra pas d’amélioration durant les prochains 24 mois, mais que tout dépendra du plan de sauvetage, de l’efficacité de sa mise en place et de l’expectative des agents face à la solution proposée par le gouvernement.

Jusqu’en 2010

Après avoir cité les transactions à risque sur un marché financier peu régulé comme le germe de la crise, Henri Hebrard pronostique des effets graves pour l’économie dominicaine.

« Après le Mexique, la République dominicaine est le pays qui dépend le plus de l’exercice de l’économie américaine. Nous pouvons estimer que pour chaque 1.0% de diminution de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) des Etats-Unis, le PIB dominicain est réduit de 1.8%. »

Il explique que les chiffres du tourisme montrent déjà depuis juillet un changement de tendance préoccupante: dans le cas des Américains, les arrivées par voie aérienne ont diminué de 6.5% en août, tandis qu’elles avaient augmenté de 4.0% durant le premier semestre. L’arrivée des Européens a baissé de 6.7% en juillet et de 4.9% en août en comparaison avec les mêmes mois de l’année précédente.

Il a dit ne pas croire en le fait que les envois d’argent diminueront mais que le rythme de leur croissance va baisser. « Selon les chiffres de la Banque Centrale, le pays a reçu 1.559 millions de dollars, représentant une croissance de 6.6%, chiffre très en dessous de celui enregistré durant la même période de l’année passée, quand les envois d’argent croissaient à un rythme annuel de plus de 13%.

En outre, la dévaluation récente de l’euro face au dollar réduit dans la même proportion la valeur des envois reçus depuis l’Europe. Si on estime que ces envois européens représentent autour de 20% du total reçu par le pays, cette dévaluation de 15% de l’euro signifie une perte d’environ 95 millions de dollars sur une base annuelle.

En troisième lieu, les exportations vers les Etats-Unis et l’Union Européenne auraient des augmentations très faibles, et par secteurs plus que par une valeur ajoutée qui ne va pas, à court terme, croître dans ces pays.

En dernier lieu, les flux d’investissements étrangers directs et les financements pour de grands projets d’infrastructure vont manquer. Nous avons vu comment des projets de haute qualité comme Cap Cana pouvaient souffrir de retards dans leur exécution de projets de ventes à cause des changements dans l’environnement international.

Les protagonistes :
Luis José Asilis
Économiste
Tous les impacts ne seront pas négatifs. Nous voyons que beaucoup de capitaux dominicains sont rapatriés, par méfiance dans les institutions bancaires traditionnelles, et, que par contre, on effectue des dépôts dans des institutions dominicaines, car les crises vécues dans le passé ont créé des conditions régulatrices qui les maintiennent en meilleur état que celles d’autres pays, et ceci est positif pour l’économie.

Quant aux prédictions, nous ne pouvons toutefois pas les prévoir, puisqu’elles sont décidées en grande partie par la perception du public, plus que par les réalités économiques.

Héctor Salcedo
Économiste
Les effets négatifs seront plus importants que les positifs et l’effet net sera une activité économique réduite dans le pays. Quant au « bénéfice » que nous pouvons en retirer, on pourrait penser qu’une plus petite croissance aux USA et dans le monde impliquerait une baisse des prix du pétrole, une amélioration de nos finances publiques et du secteur extérieur, grâce à la diminution des pressions du taux de change. La situation aux USA affaiblirait le dollar, en nous rendant plus compétitifs sur les marchés « NON – Dollar ». Il pourrait y avoir éventuellement une entrée de capitaux, mais cela dépendra de l’expectative des agents face au plan de sauvegarde.

Henri Hébrard
Économiste
Ont dit que des crises, naissent les grandes opportunités. Cette crise devrait être l’occasion de réviser le modèle économique et social du pays. L’État a enregistré des avancées énormes dans la gestion des recettes, avec une diminution brutale de l’évasion fiscale. Ces avancées n’ont toutefois pas amélioré les dépenses publiques. La crise peut obliger toute la société à définir ce fameux Plan de Nation tant cité mais encore inconnu de tous. La société civile a la responsabilité de faire pression sur les autorités pour obtenir la définition des objectifs et des ressources qui constituent cet Accord Économique et Social.

Le chiffre
24 mois.

C’est le temps qui, selon les analystes, sera nécessaire aux Etats-Unis pour récupérer. Ceci affectera sensiblement le pays, moyennant que la croissance du PIB en 2009 soit inférieure à 3%, selon les prévisions de l’économiste Henri Hebrard.

Écrit par: CARMEN CARVAJAL, le 4 octobre 2008 traduit par République Dominicaine Live

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