Anamar, le grand absent du Cabinet Sargasses

L’Autorité nationale des affaires maritimes a été directement exclue du décret présidentiel créant le cabinet.

Le président de la République, Luis Abinader, a créé le Cabinet de lutte contre les sargasses, configuré comme un conseil consultatif. Ce cabinet est chargé de concevoir et de coordonner la mise en œuvre de politiques publiques visant à contrer les impacts des sargasses sur les plages et les côtes de la République Dominicaine.

Cette initiative est officialisée par le décret numéro 379-23, daté du lundi 21 août 2023.

Le cabinet est composé du ministre du Tourisme, du ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles, du ministre de l’Économie, de la Planification et du Développement, du vice-président exécutif du Conseil national pour le changement climatique et le mécanisme de développement propre, du commandant général de la marine de la République Dominicaine, d’un représentant du ministère de la Présidence et d’un représentant de l’Association de l’hôtellerie et du tourisme (ASONAHORES), qui représente le secteur privé.

En tant que conseil consultatif, l’absence de l’Autorité Nationale des Affaires Maritimes en tant que partie importante du Cabinet est notable, malgré l’expérience de cette institution depuis plus de 10 ans sur les questions relatives aux sargasses.

L’Autorité nationale des affaires maritimes (ANAMAR) a été créée par la loi 66-07 pour fournir à l’État dominicain les outils techniques, scientifiques et juridiques nécessaires à la recherche, à la conservation et à l’utilisation durable des ressources vivantes et non vivantes de la mer, présentes dans nos espaces maritimes.

L’un des objectifs fondamentaux de l’ANAMAR est également d’harmoniser les politiques de l’État pour les rendre cohérentes et compatibles avec le droit international en vigueur, afin de parvenir à une bonne administration des océans et au plein développement du secteur maritime.

L’Anamar et les sargasses

Depuis 2011, l’Anamar suit le phénomène et consacre une grande partie de ses travaux à l’étude des sargasses et de leurs effets sur l’environnement et l’homme, ainsi qu’à la recherche de solutions pour l’utilisation des algues.

Début 2022, l’Anamar a acquis un service satellitaire de détection et de suivi des sargasses en haute mer auprès de la société française CLS, pionnière dans la fourniture de solutions de surveillance et de contrôle de la Terre depuis 1986. La société est le fournisseur exclusif de données environnementales pour le célèbre système Argos, pour un coût de 12 000 euros par an.

L’objectif de ce système est, depuis lors, de disposer d’un délai pour avertir les hôteliers et les institutions publiques de la quantité approximative et de la direction des sargasses.

Par ailleurs, l’an dernier, l’Anamar a procédé à une caractérisation chimique des sargasses qui atteignent les côtes dominicaines et a constaté que les algues contiennent des niveaux élevés d’azote et de sulfates, libérant du sulfure d’hydrogène, de l’ammoniac et du méthane lors de leur décomposition.

Une table ronde multisectorielle pour la gestion intégrale des sargasses qui n’a pas donné de résultats

En février 2023, la Mesa Multisectorial para la Gestión Integral del Sargazo a été créée en République dominicaine, avec pour objectif général de gérer les arrivées de sargasses pélagiques afin d’en atténuer les impacts écologiques, touristiques, économiques et sur la santé humaine.

La table ronde a proposé un plan de gestion intégrée des sargasses qui comprend un centre d’information actualisé et fiable, la surveillance de la quantité et de la direction des sargasses dans l’océan, la mise en œuvre de solutions de gestion pour les zones prioritaires ou d’urgence, la réduction de la vulnérabilité et des risques pour la santé des personnes et, enfin, la promotion et la facilitation du développement d’entreprises désireuses d’utiliser les algues.

La gouvernance de la table ronde pour la gestion intégrée des sargasses est dirigée par le ministère de l’environnement, avec un comité consultatif technique. Les autres institutions publiques impliquées sont les ministères du tourisme, de l’économie, de la santé, de l’énergie et des mines, des affaires étrangères, de l’industrie et du commerce. S’y ajoutent la marine dominicaine, l’autorité nationale des affaires maritimes, le conseil dominicain de la pêche et de l’aquaculture et les structures de gestion locales.

Début juillet, Jake Kheel, vice-président de la Fondation Punta Cana Group, a déclaré au Diario Libre que l’un des principaux échecs de la réponse de la République dominicaine à la crise des sargasses est l’absence d’efforts coordonnés, de décisions conjointes et de fonds pour atténuer les effets des sargasses. À cette fin, il a proposé la création d’un fonds public-privé afin que le gouvernement, les entreprises et les communautés touchées contribuent à ce fonds et qu’il dispose d’une gouvernance qui l’administre, élabore des priorités et travaille tout au long de l’année.

En réponse aux déclarations de Jake Kheel, le vice-ministre des affaires côtières et marines du ministère de l’environnement, José Ramón Reyes, a ajouté : « Depuis le ministère, nous avons confirmé en février la table ronde multisectorielle et intergouvernementale sur le sargassum, qui a réuni tous les secteurs, tant publics que privés. Mais par la suite, tous les participants se sont désintéressés de la question ».

Le 18 juillet, le Diario Libre a publié une interview de M. Jimmy García Saviñón, président de l’Anamar, dans laquelle il préconise que le pays concentre ses efforts sur le ramassage des sargasses et suggère l’installation d’une décharge sanitaire pour l’élimination finale, tout en expliquant qu’il est impératif que la population comprenne qu’une solution définitive n’est pas encore en vue. « Beaucoup de gens se plaignent et attaquent les institutions, le gouvernement et les mairies, en prétendant qu’ils ne font rien pour les sargasses. Mais le fait est qu’il n’y a rien à faire avec elles, ni ici ni dans aucun autre pays du monde », a déclaré le fonctionnaire lors de sa participation au Free Dialogue.

Source : Diariolibre.com

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