« Nous voulons prendre 20 % du marché vers Saint-Domingue »
Après la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, Air Caraïbes a décidé une fois de plus de s’attaquer aux routes commerciales d’Air France.
La compagnie antillaise a réalisé dimanche son 1er vol aller/retour entre Paris Orly et Saint-Domingue (République Dominicaine). Air Caraïbes opère avec le 5e Airbus A330 à avoir intégré sa flotte à raison de 2 vols par semaine le vendredi et le dimanche, auxquels s’ajoutera un vol supplémentaire le mardi entre le 15 juillet et le 20 août. Air Caraïbes permet également à ses passagers de relier Saint-Domingue grâce à son réseau régional.
Cette nouvelle démarche va faire une concurrence directe à Air France. Marc Rochet, président du directoire d’Air Caraïbes, ne s’en cache pas. Il a dans sa ligne de mire le million de touristes européens qui se rend chaque année en République Dominicaine.
Avec cette nouvelle ligne, explique-t-il, « nous voulons prendre 20 % du marché vers Saint-Domingue ». Chez Air France, cette concurrence renforcée passe mal. Et pour cause ! Selon Alain Malka, directeur général pour les Caraïbes et l’Océan indien d’Air France, il n’y a « pas eu d’influence des révolutions arabes ».
En clair, les touristes ne se seraient pas détournés de l’Egypte ou du Maghreb pour venir en masse sur les plages de Saint-Domingue. « Le trafic a été stable en 2011 par rapport à 2010 », pointe M. Malka. L’an passé, précise-t-il, Air France y a transporté « environ 200 000 passagers dont la moitié venus de France et le reste principalement de toute l’Europe ».
Pour la concurrence, la nouvelle rivalité mise en œuvre par Air Caraïbes serait surtout liée à la livraison récente d’un nouvel Airbus A330, le cinquième appareil de la flotte de la compagnie. A contre-cycle !, persifle la concurrence. L’avion aurait été commandé en période de croissance mais livré, fin 2011, en pleine crise. Air Caraïbes n’a cure de ces critiques. Ce nouvel appareil est « le plus gros A330-300 jamais produit par Airbus », se frotte les mains M. Rochet. Grace à ces capacités supplémentaires, Air Caraïbes table sur 6 % à 7 % de recettes en plus par vol.
Elles ne seront pas de trop car la compagnie doit absolument se refaire une santé financière. Après avoir engrangé plus de 6 millions d’euros de bénéfices en 2010, Air Caraïbes a plongé dans le rouge en 2011. Ses pertes devraient atteindre environ 5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 297 millions d’euros.
En cause : la facture pétrolière. Entre 2010 et 2011, « à activité constante, la facture carburant est passée de 75 millions d’euros à 105 millions d’euros », déplore le patron de la compagnie. Pourtant, il prévoit « un retour aux bénéfices dès 2012 ». Car pétrole mis à part, Air caraïbes est en plein boom. L’an dernier, elle « a conforté sa position de deuxième acteur français sur les Antilles », se félicite M. Rochet. La compagnie a enregistré en 2011 une part de marché de 27 %. L’an passé, elle a transporté près de 1,2 millions de passagers soit une augmentation de 5,5 % par rapport à 2010.
Il n’empêche, pour renouer avec les bénéfices Air Caraïbes va procéder en 2012 à un « redéploiement, une relocalisation » de certaines de ses activités. Parmi, ces « mesures d’ajustement », comme le précise M. Rochet, la compagnie va revendre son Embraer. Un appareil ultramoderne brésilien spécialisé dans les liaisons moyens-courriers. Pour repartir de l’avant, Air Caraibes veut aussi bichonner ses passagers.
Elle propose « une business class » totalement modernisée. Baptisée Madras, elle compte 18 sièges suréquipés et facturés 1 862 euros pour un aller-retour vers Saint-Domingue. Le triple d’un billet en classe économique sur la même destination. Dés 2012, la compagnie aérienne veut redevenir « la petite success story » qu’elle a été depuis sa création en 2004.
Depuis 2011, Air Caraïbes pèse un tiers du chiffre d’affaires de sa maison-mère, le groupe Dubreuil. Une entreprise familiale, installée à la Roche-sur-Yon (Vendée), et spécialisée dans le commerce et la distribution, qui réalise un milliard d’euros de chiffre d’affaires.
République Dominicaine Live, depuis un article de Le Monde, le 26.03.12
